Methodologies for Madness: Instructions for Emotional Expression in Early Motion Picture Acting Manuals

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Méthodologies de la folie. Instructions sur l’expression émotionnelle dans les premiers manuels d’interprétation cinématographique

Dans son manuel de 1913 intitulé Motion Picture Acting, Frances Agnew inclut un catalogue d’émotions et de sentiments que l’aspirant « photoplayer » devrait pratiquer devant un miroir. La liste débute avec de la Réjouissance et se termine par la Folie, en passant par la Tendresse avec Pitié. Journaliste de métier, avec peu d’expérience en tant qu’actrice de scène ou de cinéma, Agnew ne pouvait pas prétendre à une expertise personnelle dans les techniques de jeu devant la caméra, pas plus que dans les méthodes d’interprétation de personnages en détresse mentale. Ses conseils – dans ce livre sous-titré de façon pragmatique : « Comment se préparer au jeu cinématographique, quelles sont les qualifications nécessaires, comment obtenir un engagement, les salaires payés aux acteurs » – sont basés avant tout sur des entretiens avec les principaux acteurs de l’époque. Dans les années 1920, l’industrie des manuels sur le jeu à l’écran était en pleine croissance aux États-Unis et en Angleterre. Roberta Pearson soutient dans Eloquent Gestures que l’évolution du code histrionique vers celui de la vraisemblance dans le cinéma muet peut être suivie à travers ces manuels d’instruction, dont beaucoup sont basés sur les méthodes gestuelles du pédagogue du jeu du XIXe siècle, le Français François Delsarte. Cet article se concentre sur les méthodologies entourant la représentation de la folie et l’expression de la détresse mentale à l’écran, telles qu’elles sont détaillées dans les manuels d’instruction de jeu pour le cinéma publiés avant 1923. De quelle manière les auteurs de manuels d’instruction du jeu cinématographique ont-ils imité ou dévié des méthodes adoptées dans les textes d’instructions de jeu de scène ou des pratiques théâtrales dominantes autour de l’imitation de la folie par le geste ou l’expression du visage ? En quoi ces méthodes reflétaient-elles des idéologies raciales ou nationalistes ? En outre, je cherche à mieux comprendre les conditions matérielles dans lesquelles ces manuels d’instruction et ces livres ont été publiés, et à mettre en lumière certains des auteurs, comme Frances Agnew – qui est devenue par la suite monteuse de films et scénariste – qui ont eu l’audace de donner des conseils de jeu dans un domaine aussi nouveau.

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Elyse Singer (The Graduate Center, City University of New York)

Elyse Singer est candidate au doctorat en Théâtre et performance, avec certificat d’Études cinématographiques, au Graduate Center de la City University of New York. Le concours de l’essai étudiant Domitor 2018 a décerné à son article « Pauvre Folle ! » la mention spéciale et elle a reçu le prix de rédaction pour étudiants des cycles supérieurs du SCMS Women’s Caucus en 2019. Les travaux de Singer sont à paraître dans Feminist Media Histories et ont été publié dans PAJ et Studies in Musical Theatre. Récipiendaire de la bourse de thèse Helen Krich Chinoy en 2020 et de la bourse Huntington en 2020-21, Singer a obtenu une maîtrise du Hunter College et un baccalauréat de Yale. Elle enseigne à la Feirstein Graduate School of Cinema du City College of New York et au Département d’écriture dramatique de la NYU Tisch School.