The « Working Samples »: Function and « Accidental Beauty » from Italian Silent Cinema’s Manufacturing Machine

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Les « échantillons de travail ». Fonction et « beauté accidentelle » de la machine de production du cinéma muet italien

En Italie, dans les années 1910, l’ajustement de la situation de la production cinématographique s’est également traduit par une subdivision plus structurée du travail de production.

Il reste beaucoup à analyser et à découvrir sur l’organisation de ces premières « machines de production », en particulier à propos du travail en laboratoire (développement, impression, coloriage, montage, lavage de la pellicule), durant laquelle le film était manipulé par des dizaines de personnes qu’un article de l’époque définissait comme les « prolétaires du film ». Même si la situation italienne n’avait rien à voir avec le modèle rigide inspiré du fordisme mis en place par futur Hollywood de l’époque, les nouvelles structures imposaient à la fois une nouvelle organisation et, surtout, une coordination efficace.

À l’époque, Itala Film était l’une des plus importantes sociétés de production italiennes. Dans ses laboratoires, les « échantillons de travail » étaient l’un des principaux outils par lesquels cette coordination devait passer. Il s’agissait de feuilles de papier ou de carton sur lesquelles étaient appliqués (cousus ou collés) des photogrammes obtenus à partir d’une copie positive pour offrir une trace visuelle du développement du montage, de la position des intertitres et des alternances de teinte et de ton. Cette « trace » du film devait être utilisée principalement pour coordonner les différents compartiments de ce que nous appellerions aujourd’hui la « post-production ».

Notre objectif sera d’examiner certains aspects des différentes phases de la complexe production en laboratoire du cinéma muet italien, et ce, par l’étude et l’analyse de la forme et de la fonction de la petite mais précieuse collection d’échantillons de travail conservée au Museo Nazionale del Cinema de Turin, et d’une partie des documents du fonds Itala MNC.

En outre, une réflexion sur le concept de « beauté accidentelle », qui caractérise de tels matériaux, devrait également être superposée à cette analyse. En effet, bien qu’ils aient été créés à des fins purement pratiques, ils nous frappent, même de nos jours, par leur harmonie comme objets de belle conception, plutôt qu’en tant qu’outils de production industrielle.


Stella Dagna (Università degli Studi di Torino)

Docteure en Histoire des arts visuels et du théâtre à l’université de Pise, Stella Dagna travaille depuis 15 ans au Museo Nazionale del Cinema de Turin, où elle s’occupe principalement de la restauration de films et de la recherche sur le cinéma muet italien. Au cours de sa carrière, elle a collaboré à près d’une centaine de restaurations et de préservations. En 2010, elle a participé à la bourse de la Fondation Hagefilm pour les professionnels des archives cinématographiques au laboratoire Cineco à Amsterdam. Elle est l’auteure de Perchè restaurare I film ? (ETS, 2014), Ma l’amor mio non muore ! La diva e l’arte di comporre lo spazio (Mimesis, 2014) et de plusieurs essais et articles publiés dans des magazines et volumes divers. Elle collabore avec l’Università degli Studi de Turin.