Crafting the Flickerscape of Early Cinema

< Programme < SÉANCE NO 3: Cameras, Projectors, and Trick Photography

Concevoir le scintillement du cinéma des premiers temps

Les méthodes modernes de projection d’archives reposent soit sur la technologie standardisée de projection analogique, soit sur leurs équivalents numériques tels que le DLP. La projection analogique, utilisant un obturateur à trois pales et une vitesse de 18 images par seconde, peut sembler plus authentique que la projection numérique, mais elle n’est pas encore complètement représentative de la variété des spécifications observées dans le cinéma des premiers temps. Si les spécialistes connaissent le détail de cette spécificité technologique, ils ne tiennent guère compte de son implication : le déni du scintillement stroboscopique propre à l’expérience du cinéma des premiers temps. Je plaide pour la nécessité de signaler cette distinction dans le contexte de projection d’archives, afin d’établir un lien plus fort entre le public moderne et le spectateur du cinéma des premiers temps, reconnu par Tsivian comme un « spectateur sensible au médium ».

Cet article retrace les contributions des concepteurs d’obturateurs de la première période du cinéma, qui ont abordé les problèmes de scintillement, de l’image filée et de la perte de lumière, de concert avec leur public et leurs propres facultés perceptives. Dans une certaine mesure, tout le monde s’est senti enclin à tenter sa chance : des pionniers célèbres, tels que Cecil Hepworth et Albert Smith, aux personnages aujourd’hui abandonnés dans les archives de brevets tels que le projectionniste William Branson et le drapier Edward Halford (qui trouva même une façon d’utiliser de la soie dans son obturateur). Bien que les premiers obturateurs à trois pales aient été utilisés en 1903, leur adoption par l’industrie fut plutôt lente. On remarque d’ailleurs une absence de consensus sur la conception des obturateurs, de même que des problèmes persistants de scintillement jusqu’à la fin de la période des premiers temps du cinéma.

Grâce à une recherche sur des obturateurs d’époque étant parvenus jusqu’à nous et sur diverses sources imprimées, la conception et la fabrication des obturateurs seront envisagées comme un espace trouble de l’imaginaire technologique du cinéma primitif, soutenu par un réseau de relations entre la recherche scientifique, la démarche heuristique et la cognition créative.

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Guy Edmonds (Plymouth University)

Guy Edmonds est chercheur associé à Transtechnology Research de l’Université de Plymouth. où il a complété sa thèse de doctorat, Vibrating Existence: Early Cinema and Cognitive Creativity, soutenue par la bourse Marie-Curie, dans le cadre du programme de formation doctorale CogNovo. Ses intérêts de recherches portent sur l’exploration et la compréhension du potentiel affectif de l’image en mouvement, notamment en ce qui concerne les premières technologies cinématographiques et le matériel cinématographique d’époque. Il est également restaurateur de films et archiviste professionnel, et détient une maîtrise en préservation et présentation de l’image en mouvement de l’Université d’Amsterdam. Il a travaillé au EYE Filmmuseum, à la vente aux enchères de caméras et de matériel photographique chez Christie’s, et au Cinema Museum de Londres.