Women on Screen: Early Ottoman/Turkish Films Featuring Muslim Women

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Les femmes à l’écran. Les premiers films ottomans et turcs mettant en scène des femmes musulmanes

Cette communication retrace l’histoire des actrices dans l’Empire ottoman et la Turquie moderne. Lorsque le cinéma turc a débuté au milieu des années 1910, les femmes musulmanes n’avaient pas le droit de se produire sur scène. Le cinéma des premiers temps a adopté les règles tacites de la culture du spectacle existante, ce qui fait que la participation des femmes musulmanes aux arts du spectacle était considérée comme « immorale » et « déshonorante ». La profession d’actrice dans les films comportait des catégories ethniques et religieuses. Ainsi, les artistes féminines étaient pour la plupart non musulmanes, comme Lusi Arusyak, Rozali Benliyan, Mademoiselle Blanche et Madame Kalitea.

Les femmes musulmanes ont parfois tenté de briser cette règle tacite qui découlait des rôles genrés habituels, des normes sociales et des obligations religieuses. L’actrice Afife Jale (1902-1941) est connue pour avoir réussi à le faire, ainsi que d’autres figures méconnues comme Nermin Hanim. La fin de l’ère ottomane représente une transformation progressive du statut des femmes dans la société, de la période des Jeunes-Turcs (1908-1922) à la proclamation, en 1923, d’un nouvel État-nation, la Turquie. L’éducation publique croissante des filles, l’émancipation des femmes, la visibilité dans l’espace public, la laïcité et l’idéologie d’occidentalisation de l’État sont autant de facteurs qui ont entraîné des changements rapides au cours des premières années républicaines. Cette réforme sociopolitique et culturelle menée par le gouvernement a également trouvé sa place dans la production cinématographique. Les actrices musulmanes apparurent à l’écran à l’initiative de sociétés cinématographiques privées et de projets gouvernementaux. Pour n’en citer que quelques-unes : Bedia Muvahhit (1897-1994), Neyyire Neyir (1902-1943) et Feriha Tevfik (1910-1991).

Lors de cette période, la professionnalisation des femmes dans le cinéma reflète divers discours et représentations que nous allons aborder en nous appuyant sur des documents d’archives sous forme de rapports d’État et de revues de presse. Cette recherche vise à susciter des questions sur l’agentivité des femmes, les normes sociales et religieuses, ainsi que l’intervention de l’État qui a construit une nouvelle ère, permettant la redéfinition du rôle des femmes musulmanes dans la réalisation de films au courant des années de transition de la formation de l’État.


Özde Çeliktemel-Thomen (Middle East Technical University)

Özde Çeliktemel-Thomen est historienne du cinéma et de la culture visuelle de l’Empire ottoman et du Moyen-Orient moderne. Elle est actuellement boursière postdoctorale au Département d’Histoire de la Middle East Technical University, où elle travaille sur une monographie. Elle a obtenu son doctorat au University College de Londre en 2018 avec une thèse sur la réglementation du cinéma à la fin de la période ottomane. Elle a obtenu un baccalauréat et une maîtrise en Histoire à l’Université Boğaziçi (2006) et à l’Université d’Europe centrale (2009). Ses intérêts académiques comprennent la technologie du cinéma des premiers temps, le genre dans les premiers films, les films éducatifs, les films de guerre et l’utilisation du cinéma à des fins de propagande.