< Programme < SÉANCE NO 5: Early Latin American Cinema
Le nitrate argentin : une histoire du cinéma des premiers temps
Les débuts du cinéma en Argentine ont connu un développement légèrement différent de ceux des pays nord-américains ou européens. On peut dire que cela est lié à la position internationale de l’Argentine au cours des premières années du XXe siècle comme fournisseur de matières premières, agricoles et d’élevage pour les marchés européens. Cette dépendance économique était également culturelle et elle a façonné nos discours artistiques. Dans le domaine cinématographique, les premières sociétés de production sont nées de laboratoires précaires, d’abord créés pour le tournage d’intertitres en langue espagnole devant être insérés dans les longs métrages étrangers importés dans le pays. Cette origine allait bientôt devenir la base de la plupart des premières productions cinématographiques : Glücksmann, Gallo, Valle et Martinez-De la Pera baseront leur survie économique sur le travail en laboratoire, la distribution de films d’autres sociétés et la production de genres alternatifs au long métrage comme le cinéma institutionnel, les films d’actualité et scientifiques. En l’absence d’une industrie stable, les techniciens convergeront vers des rôles de cinematografistas : à la fois caméramans, laborantins et projectionnistes. En même temps, la permanence des premières technologies cinématographiques a favorisé la continuité des pratiques et des enregistrements de certains motifs visuels pendant des périodes plus longues que dans les pays hégémoniques. Néanmoins, ces moyens semi-artisanaux ou pré-industriels ne supposaient pas une qualité moindre dans la production cinématographique. Au contraire, il fit apparaître des formes très surprenantes et créatives en réponse à la précarité technique et économique qui jetèrent les bases de ce qui deviendra alors un trait régulier de l’histoire de l’image en mouvement dans notre pays.
Carolina Cappa (Indépendante)
Carolina Cappa est archiviste audiovisuelle et professeur de médias. Elle vient de publier Nitrato argentino, una historia del cine de los primeros tiempos (Le nitrate argentin, une histoire du cinéma des premiers temps), un catalogue illustré et une compilation d’essais ainsi qu’un site web en libre accès (nitratoargentino.org), tous deux au sujet de la recherche sur la collection de films nitrate conservée au Museo del Cine « Pablo Ducrós Hicken » à Buenos Aires. Elle a travaillé les onze dernières années en tant que spécialiste de la préservation de films au Museo del Cine. Elle a également été responsable des archives cinématographiques de la Cinemateca Boliviana à La Paz, en Bolivie, où elle a restauré El Bolillo Fatal, un film bolivien de 1927 longtemps considéré perdu. Elle a été professeure et chercheuse à l’Université de Buenos Aires, ainsi que dans d’autres institutions argentines et internationales. Elle vit aujourd’hui à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, et travaille comme professeure et tuteure à l’école Elias Querejeta Zine Eskola de Saint-Sébastien.