< Programme < SÉANCE NO 5: Early Latin American Cinema
Au carrefour du théâtre, du journal et de l’écran : métiers et techniques du cinéma à Rio de Janeiro dans les années 1900
Le cinéma des premiers temps a établi une relation intrinsèque avec d’autres arts et manifestations culturelles, s’appropriant rapidement, par exemple, la structure et la mise en scène du théâtre et du cirque. Cette présentation traite des appropriations et des adaptations opérées par le cinéma primitif de métiers et de techniques venus d’ailleurs. Nous nous concentrerons sur la capitale brésilienne des années 1900, Rio de Janeiro, qui s’est approprié les dernières innovations étrangères, en adhérant à la modernité dont Paris est la capitale. Considérant que l’analyse empirique de l’objet filmique est complexe, puisque très peu de films d’époques tournés au Brésil ont été conservés, nous prendrons principalement comme objet d’analyse la chronique journalistique, les contrats, et les correspondances restantes qui appartenaient à des personnes impliquées dans le métier. Les années 1907-1910 sont un tournant au Brésil du point de vue cinématographique. Rio de Janeiro est modernisée sur le modèle de la capitale française. Le cinéma s’étend massivement dans la ville suite à un accord entre la famille Ferrez et Pathé Frères et, grâce au chroniqueur mondain Figueiredo Pimentel, il devient un divertissement à la mode. Les événements mondains cariocas sont enregistrés par la caméra, pour laquelle Pimentel joue le rôle d’un pseudo-réalisateur, recommandant par exemple à l’élite que les jours de défilé « les cochers et les chauffeurs » modèrent leur vitesse; ou que les piétons « circulent et se promènent toujours sur toute la longueur du bar au lieu de s’asseoir. Ce n’est qu’alors que les films sortiront splendides ». Cependant, l’élite n’est certainement pas la seule à avoir participé aux intrigues cinématographiques de Rio. « L’Exposition nationale de 1908 », qui suit de près l’exemple des expositions universelles, devient le cadre du film de 1908 Sô Lotéro e Nhá Ofrasia com seus produtos à Exposição (M. Lotéro et Mme Ofrasia avec leurs produits à l’Exposition), clairement influencé par le genre théâtral de la « revue de l’année ». Les personnages principaux et la mise en scène du film proviennent de la revue « Maxixe », de João Foca, alors que Foca lui-même se concentre sur la technique qui permet la transposition du théâtre au cinéma, dans une série de chroniques imprimées à cette époque dans le Jornal do Brasil. Par conséquent, comme nous entendons le démontrer, la chronique journalistique, les pièces de théâtre, les documents imprimés et les quelques films de cette époque tournée à Rio ayant survécu, contribuent à clarifier les spécificités du métier qui était encore en train de se constituer.
Danielle Crepaldi Carvalho (Universidade de São Paulo)
Danielle Crepaldi Carvalho a fait un postdoctorat à l’Escola de Comunicações e Artes de l’Universidade de São Paulo (ECA-USP, FAPESP), avec une recherche sur les usages du son dans le cinéma muet, qui questionnait la circulation et la réception du cinéma dans un contexte transdisciplinaire et transnational. Elle a obtenu un doctorat de l’Universidade de Campinas, avec une thèse axée sur l’analyse de courts textes sur le cinéma et les dispositifs visuels connexes, publiés dans la presse de Rio de Janeiro jusqu’en 1920. Elle a effectué un stage de recherche à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Elle fait partie du groupe de recherche « História e Audiovisual : circularidades e formas de comunicação », coordonné par Eduardo Morettin et Marcos Napolitano à la CEA-USP. Elle est coéditrice de Cinema e História : circularidades, arquivos e experiência estética (Sulina, Brésil, 2017) et de Cinema, estética, política e dimensões da memória (Sulina, Brésil, 2019), de même que d’éditions annotées de nouvelles d’écrivains brésiliens de la fin du XIXe et du XXe siècle (Lazuli, Brésil, 2013 et 2016). Finalement, elle est co-auteure de la traduction portugaise et de l’analyse critique du mélodrame théâtral français L’Auberge des Adrets (Penalux, Brésil, 2015).