< Programme < SÉANCE NO 3: Cameras, Projectors, and Trick Photography
Les films à trucs ont durablement marqué l’histoire du cinéma et ancrés très tôt les univers de l’étrange et du merveilleux. Cette communication explore l’appropriation et le détournement de l’effet de miniaturisation dans les vues animées.
En 1907, François Sallé demande un brevet pour « placer dans un petit théâtre de marionnette, l’image d’une véritable figure humaine réduite ». Le principe du théâtre de Tanagra permet de produire, devant les spectateurs, un espace composite qui associe l’image réduite d’un acteur à un décor réel. Certes, des personnages « microscopiques » ou « géants » existent déjà dans les vues cinématographiques ; c’est justement cette circulation qui semble singulière. Un vaste pan des effets des films à trucs puise son origine dans une imagerie ancienne, actualisée par les illusionnistes sur scène. La plupart de ces effets ont été adaptés, ajustés puis réinventés par les techniques propres à la photographie animée.
Ici, le transfert se complexifie. Deux aspects sont à relever. D’une part, la circulation s’inverse : né à l’écran, le motif visuel du personnage microscopique se voit repris sous un nouveau jour au théâtre. D’autre part, si les théâtres de Tanagra disparaissent après la Première Guerre mondiale, leur « combinaisons optiques » se transfèrent au cinéma et se retrouvent partiellement dans le principe du Simplifilm et ses dérivés.
Le cas du théâtre de Tanagra met en lumière l’intense circulation des effets visuels entre la scène théâtrale et les vues animées ; ainsi que la porosité des différentes inventions techniques. Plus largement cette étude de cas permet d’interroger la constitution des savoirs du « truqueur optique ».
Frédéric Tabet (Ecole Nationale Supérieur d’Audiovisuel)
Frédéric Tabet est Maître de conférences à l’École Nationale Supérieure d’Audiovisuel à l’Université Toulouse 2-Jean Jaurès. Il est l’auteur de Le cinématographe des magiciens (Presses universitaires de Rennes, 2018) et co-commissaire de l’exposition « Au royaume des illusions » (Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, 2020). Ses recherches portent sur l’origine et le fonctionnement des effets spéciaux, ainsi que sur les croisements entre les médias et les spectacles illusionnistes.